Jeunesse et formation (1923-1956)

1940-1945

La France est envahie par les armées allemandes et occupée en partie après la capitulation. Le Lot est en zone libre. Les alliés débarquent en juin 1944 et libèrent le pays, mais la guerre se poursuit jusqu’en mai 1945. La France décide de réinstaller son pouvoir colonial en Indochine, sans écouter les appels à l’indépendance des nationalistes. La guerre d’Indochine se poursuivra jusqu’à la défaite française de Dien Bien Phu en 1954.

1923

Naissance d’Edmond Pezet à Larnagol (Lot, France), dans une famille de tout petits agriculteurs. Il aurait aimé travailler à la ferme ou devenir artisan, mais le curé convainc son père de l’envoyer faire ses études secondaires au petit séminaire de Cahors, car c’était moins cher pour des paysans pauvres.

1941

Interruption des études pour fatigue cérébrale, et participation aux «chantiers de la jeunesse française» pendant 8 mois.

1942-1945

Études de philosophie et théologie au grand séminaire de Cahors.

1945-1946

Mobilisation et occupation en Allemagne, engagement dans le Corps expéditionnaire français d’Extrême Orient et participation à la guerre du Vietnam. Il est témoin des atrocités commises par ses camarades de régiment sur des suspects vietminh. C’est là qu’est né son désir de repartir dans le Sud-Est asiatique comme prêtre missionnaire : «  Je ressentais comme le besoin d’une démarche de réparation qui compenserait, à modeste échelle, le mal que j’avais vu causer au peuple vietnamien. »?

1946-1949

Reprise des études de théologie, et travail de la terre dans la ferme familiale. Ordonné prêtre en 1949, il prend contact avec la S.A.M., qui envoie des prêtres au service des Églises autochtones.

1949-1955

Vicaire-instituteur à Cajarc (Lot, France), pour rendre ainsi à son diocèse un service en retour des études qui lui ont été offertes.

1955-1956

Formation spirituelle à la S.A.M. à Louvain (Belgique), stage de secouriste à Lille (France) et bref séjour en Angleterre pour apprentissage de l’anglais.

Découverte de la Thaïlande (1956-1964)

1958         

Décès du pape Pie XII, et pontificat de Jean XXIII, initiateur de l’ « aggiornamento » de l’Église.

1962         

Ouverture du concile Vatican II et arrivée des premières troupes américaines en Thaïlande, base arrière et de repos des soldats combattants au Vietnam. Près de 34.000 G.I. seront stationnés en Thaïlande en 1966.

Départ pour la Thaïlande, en décembre 1956. Au nord-est de la Thaïlande (diocèse de Tha Rae), découverte du pays et de l’Église, et apprentissage de la langue. C’est là qu’il devient vicaire, puis curé de campagne. La région est habitée par d’anciens réfugiés venus du Laos et du Vietnam, passés de l’animisme au christianisme. Les habitants du Nord-est se sentent donc laotiens. Les Thaïlandais « siamois » y étaient considérés comme étrangers. Dès les premières semaines de son arrivée, il a pris conscience de la situation, qu’il décrit en détail, et déjà apparait son respect pour la tradition bouddhiste du pays.

Il ne lui fallut pas beaucoup de temps non plus pour ressentir douloureusement l’inadéquation de l’enseignement religieux dispensé aux chrétiens et aux catéchumènes. Il explique à quel point  les méthodes employées sont aberrantes : comme condition d’administration du baptême, il est requis des catéchumènes de mémoriser les questions et réponses d’un catéchisme rempli de notions philosophiques et théologiques et dont les termes religieux, empruntés au sanscrit, sont incompréhensibles aux gens.

Il constate également avec peine le peu d’intérêt, et même le mépris, de missionnaires pour le Bouddha, ainsi que le niveau de vie et la façon de penser « occidentalisés » du clergé local.

Recherche d'une voie nouvelle: expérimenter la voie bouddhiste (1964-1974)

Pezet exprime clairement à son supérieur son malaise et ses doutes sur les raisons de sa présence dans une Église qui se livre à la propagande en se servant du prestige et de l’argent. Il voudrait, pour sa part et comme première démarche, « s’enfouir dans le sol nourricier de son peuple. Il explique clairement qu’il lui faut changer de voie, et qu’il considère qu’un travail pastoral consistant uniquement à administrer les sacrements et à chercher le prestige ne peut être la sienne. Il voudrait, dans la ligne du P. Monchanin, « chercher les cheminements providentiels de Bouddha au Christ ». Il entre en contact avec les bouddhistes, à commencer par sa participation à un “carême » bouddhique dans une pagode sous la conduite d’un Maître.

1968

Les Américains se retirent du Vietnam

1970

Intervention américaine au Cambodge, après le renversement du Prince Sihanouk par un militaire d’extrême droite. Cambodgiens entraînés militairement par les Américains en Thaïlande.

1968-1974

Après un congé en France, il exprime le souhait de rompre avec l’état clérical sous la forme d’une « réduction à l’état de diacre », tout en gardant les obligations d’une vie consacrée, pour se consacrer entièrement au bouddhisme et s’initier à la « doctrine » et aux pratiques spirituelles bouddhistes à Bangkok. Vie communautaire dans une pagode de Bangkok, puis chez les moines des forêts.

1973

Important mouvement populaire pour la démocratie. Le 14 octobre, 500.000 personnes manifestent à Bangkok, provoquant une brutale répression qui fait des centaines de morts et des milliers de blessés. La dictature est renversée et un régime démocratique est instauré.

Avec les moines bouddhistes des forêts, ermite, camp de réfugiés (1974-1984)

1974-1976

L’extrême droite s’organise et intensifie le terrorisme : assassinat de plusieurs dizaines de leaders paysans, ouvriers et étudiants. Le 6 octobre 1976, coup d’état sanglant mené par des militaires d’extrême droite.

1975

Arrivée au pouvoir de régimes communistes au Laos et au Cambodge. Chute de Saigon.

1974

Séjour de 6 mois au monastère de rite oriental de Chevetogne (Belgique), pour y étudier la mystique orientale par le vécu autant que par les lectures.

1975-1976

Participation à la vie d’une communauté de moines des forêts (bouddhistes) dans les bois du nord-est de la Thaïlande.

1976

A 2 km de son village de Dondu, construction d’une paillote par des chrétiens auxquels il avait expliqué son parcours spirituel. Il y mènera une vie d’ermite à la manière des moines bouddhistes, quêtant sa nourriture et recevant quiconque cherche une aide spirituelle.

1979

Pendant 5 mois, prestation de divers services de soins aux réfugiés khmers du camp de Sra Kaew (anciennement orthographié Sakéo), à la frontière cambodgienne.

1980

Retour au diocèse de Tha Rae, pourvu d’un nouvel évêque. Il rend divers services pastoraux, tout en poursuivant ses contacts avec les moines bouddhistes.

1984

« Cessat » qui tombe de la bouche du Cardinal : interdiction formelle de poursuivre sa recherche en milieu bouddhiste.

Retour en France: travaux de traductions et d'écriture. Bref séjour en Thaïlande avec statut de retraité (1984-2008)

1984-1987

Retour en France, dans le diocèse de Cahors. Divers travaux de traduction d’écrits thaïlandais et palis anciens à Paris. Démarches pour un retour en Thaïlande avec un titre de séjour indépendant des autorités ecclésiastiques.

1988-1989

Séjour en Thaïlande avec le titre de retraité, et divers travaux d’écriture en thaïlandais et de traductions.

1989

Retour définitif en France. Service pastoral jusqu’en 2004, puis séjour en maison de repos où il meurt en décembre 2008, à l’âge de 85 ans.